titre_lefil
logo_elanco

7 août 2015

Les mamies à chats n’assument pas la propriété des matous, sauf sous la pression sociale

par Agnès Faessel

Dans son plan de régulation des chats sauvages, le gouvernement australien entend décourager les mamies à chats de nourrir les chats errants, qui entretiennent les populations sauvages.
Crédit : Département de l'environnement du gouvernement australien.

Une étude australienne montre que le sentiment de possession d’une personne vis-à-vis d’un chat inconnu qu’elle nourrit dépend de critères psychologiques et sociaux. Une prise en charge plus "responsable" est l'une des actions d'un plan de contrôle des populations de chats sauvages, dont l’impact sur la faune locale est problématique.

 
Dans son plan de régulation des chats sauvages, le gouvernement australien entend décourager les mamies à chats de nourrir les chats errants, qui entretiennent les populations sauvages.
Crédit : Département de l'environnement du gouvernement australien.
 

Les "semi-possesseurs" de chats représenteraient 10 à 22 % de la population, d’après diverses estimations dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Ces mamies à chats, qui nourrissent les félins du voisinage sans toutefois se considérer comme leur propriétaire, contribuent au développement non-désiré des effectifs de chats errants, et les nuisances associées. Même si ce n’est pas prouvé.

En Australie, une enquête menée en ligne entre décembre 2013 et avril 2014 vient d’être publiée dans PlosOne. Elle s’est intéressée au comportement des australiens vis-à-vis des chats dont ils s’occupent, selon qu’ils s’en estiment ou non les propriétaires.

Propriétaire volontaire ou involontaire, semi-propriétaire

L’enquête a porté sur les interactions de 1013 répondants (85 % de femmes) avec les chats, soit 1305 chats répartis en quatre catégories :

  • 353 cas de relation occasionnelle : contact durant moins d’un mois avec un chat que la personne a rarement nourri (ou pas du tout) ;
  • 98 cas de semi-possession : contact durant plus d’un mois avec un chat fréquemment voire toujours nourri ;
  • 249 cas d’adoption passive (sans démarche active) ;
  • 605 cas d’adoption active.

Dans les deux premières catégories, les répondants ne s’estiment pas propriétaires du (ou des) chat(s).

47% des chats errants sont stérilisés

La figure ci-dessous résume les réponses au questionnaire, dans les 4 situations.

Pourcentage de chat de chaque catégorie qui répond au critère ("a", "est", ou "bénéficie par le répondant de")

D’après Zito et al., 2015.

 

Les résultats montrent que les interactions et les soins au chat sont plus fournis et fréquents chez les personnes s’en estimant propriétaires (actifs ou passifs). 98 % des chats de propriétaires sont stérilisés, contre 47 % des chats errants nourris (chats de « semi-propriétaires »). Mais dans les deux cas, la même proportion des répondants est à l’origine de la castration : 58 %. Les femelles ayant des chatons restent toutefois bien plus nombreuses parmi les chats errants.

Quasiment tous les propriétaires (94 %) se disent attachés à leur chat. C’est aussi le cas pour plus de la moitié des semi-possesseurs (54 %).

Le jugement de l’entourage

Le sentiment de propriété dépend aussi de l’estime portée aux chats errants et à leur prise en charge. Les personnes qui nourrissent les chats des rues sans s’en considérer propriétaires déclarent plus souvent que ce comportement les contente et que leurs proches l'approuvent. Inversement, les propriétaires ("passifs" notamment) sont plus nombreux à considérer les chats errants comme une nuisance et ne souhaiteraient pas les nourrir. Pour les auteurs de l’enquête, assumer la propriété du chat dépend ainsi de la pression sociale : « ceux qui estiment socialement acceptable et altruiste de nourrir un chat errant ne ressentirait pas le besoin de prendre possession de l’animal ». Ils y voient une possibilité d’agir, par des messages ciblés, en faveur de la stérilisation par exemple.

D’autres critères interviennent dans l’adoption d’un chat inconnu, notamment son (bon) caractère.

Plan national d’abattage des chats sauvages

Les chats sauvages représentent une grave problématique en Australie vis-à-vis de la faune locale. Ce sont les prédateurs de multiples espèces menacées, notamment des petits mammifères (chat marsupial, numbat, etc.). Pour la protection de celles-ci, le gouvernement australien a annoncé mi-juillet un plan de contrôle dont l’un des axes est une élimination massive : supprimer deux millions de chats sauvages d’ici 2020. Différentes méthodes sont envisagées (tirs, empoisonnement, piégeage).

Plusieurs associations de défense des animaux s’insurgent contre ces actions et militent pour une démarche alternative de stérilisation. Mais d’autres, comme l’Australian Conservation Foundation ou l’Australian Wildlife Conservancy, confirment la nécessité de réguler les populations d’espèces « nuisibles » comme les chats sauvages, et soutiennent l’initiative du gouvernement.

 

Outre le contrôle des populations de chats sauvages, l’un des objectifs du plan est d’obtenir le soutien du grand public dans leur gestion. Il souhaite aussi promouvoir une « propriété responsable » des chats : domestiques et errants, mais qui alimentent les effectifs sauvages et vice-versa. Le nourrissage des chats des rues doit être découragé. De même que les campagnes de stérilisation, qui manquent d’efficacité « sauf si le groupe est réellement isolé et toutes les femelles stérilisées ».

8 août : journée mondiale du chat !

Cette annonce est intervenue quelques jours seulement avant la journée internationale du chat – le 8 août – qui donne lieu depuis plusieurs années à la diffusion sur le web de multiples dessins, vidéos ou animations humoristiques mettant en scène des chats : les LOLcats.

Pour la petite histoire, au XIXe siècle, déjà, le photographe Harry Pointer avait publié une série de clichés précurseurs avec des félins…